W. Carlos – Switch-off Bach – Columbia Masterworks – MS 7194

On ne surprendra personne en disant que le streaming a révolutionné la diffusion musicale.
Pour l’auditeur tout d’abord par son aspect pratique indéniable. Les catalogues des grandes plates-formes sont gigantesques. L’auditeur dispose de sa musique préférée où qu’il se trouve, y compris dans sa voiture ou les transports en commun. Le numérique apporte bien des avantages : recherche multicritères, information sur les artistes, paroles… Quant aux artistes, ils peuvent espérer toucher un auditoire plus large. avec des mesures d’audience beaucoup plus précises. On peut espérer une rémunération plus juste que l’opacité de certains organismes comme la Sacem.
Alors tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas totalement, car toute médaille a son revers, ou, comme on dit chez les audiophiles, tous les 45t ont leur face B (1). Lire la suite

Deutsche Qualität : Deutsche Grammophon « The Original Source »

On se souvient qu’Opel, la pire marque allemande, ventait la « Deutsch Qualittät »

On a déjà eu l’occasion de s’attarder quelque peu sur la notion de « Deutsche Qualität ». Sans que cette expression en elle-même ne soit positive ou péjorative, la qualité allemande dans la langue d’Emil Berliner, est assez réputée dans le domaine de l’automobile, du matériel audio et de la saucisse. Mais qu’en est-il de la musique ? L’ Allemagne ayant le privilège d’avoir vu naître à la fois Bach et Ramstein, Beethoven et Hans Zimmer, Brahms et Tokio Hotel, nous ne nous risquerons pas à parler des œuvres en elle-même au risque de froisser une partie de notre lectorat. Parlons donc plutôt d’édition musicale. Lire la suite

Musique 2.0 : Pomplamoose, Impossible À Prononcer – Édité à compte d’auteur

Internet a créé un formidable changement dans le domaine de l’édition musicale. On pense bien sûr d’abord à la distribution où le streaming a remplacé la vente de disques comme principale source de revenus pour les éditeurs. On pourra trouver dommage pour les artistes de perdre le complément artistique que sont les pochettes et les livrets qui accompagnent les CD et les vinyles. En contrepartie, cela a donné l’occasion de redonner au concert sa place comme principal moyen d’échange entre les musiciens et leur public. Lire la suite

Les Quatre Saisons au temps du réchauffement climatique : Recomposed By Max Richter – DG 479 3337

On trouve de nos jours des appareils, Dac, préamplis, amplis, petits et extrêmement performants chez Schiit, Topping, SMSL, Gustard … à des prix dérisoires. Mais l’audiophile est quelquefois emprunt de nostalgie à la pensée des appareils aux larges façades chromées dont le poids, l’encombrement et le prix étaient conséquents. Comme dans l’automobile, il existe d’ailleurs tout un marché du « néo rétro » : depuis Technics qui ressuscite les SP-10 et SL-1200, Luxman et le L-595, jusqu’à McIntosh qui n’en finit pas de créer des versions commémoratives du MC275. Il faut reconnaître que retrouver une vieille connaissance sans pour cela totalement sacrifier la modernité ne manque pas de charme. Lire la suite

La faille spatio-temporelle : The Space Cadets – Crash Landed – Tombstone Records TOMB-TEN 305

Lucien en première partie de The Space Cadets

J’étais récemment à Angoulême pour une sorte de convention autour de la bande dessinée. Certes ce sujet est bien loin de mes préoccupations quotidiennes mais la position de personne publique entraîne certaines obligations qu’il est difficile de refuser. Les stands de Casterman et de Fluide Glacial n’était pas très éloignés l’un de l’autre et c’est à l’occasion d’une séance de signature que j’ai fait la connaissance de Lucien Lebrac.
Nos éditeurs respectifs ayant réservé des chambres dans le même hôtel, nous nous retrouvâmes au bar et rapidement en vînmes à parler de musique et de reproduction musicale. Ce fût pour moi l’occasion de découvrir le groupe britannique The Space Cadets. En effet Lucien avec Ricky Banlieue et ses Riverains eurent l’occasion de se produire en première partie des Space Cadets lors d’un concert à Ris-Orangis. Concert au cours duquel Lucien et Richard furent fort impressionnés par la fidélité de ce groupe au rockabilly original.
C’est aujourd’hui l’occasion pour nous de partager cette découverte avec l’album Crash Landed. Lire la suite

Audiophiles de bonne compagnie : The Dead South – Good Company – DevilDuck Records DDUCK058

On a récemment eu l’occasion de s’intéresser à la musique country – ou plus précisément au bluegrass – par le biais un peu parodique de Gangstagrass.  Nous allons poursuivre aujourd’hui cette exploration avec le groupe The Dead South.

Au premier abord, ce quatuor à cordes nous présente une forme classique du bluegrass. Banjo en picking et mandoline sont joués par des hommes en costume noir et chemise blanche portant bretelles, bolo et lavallière. Les thèmes des chansons sont à l’unisson et il est bien sûr question de mort, d’armes et de femme (et quelquefois de tout cela ensemble). Mais ce classicisme est de façade car The Dead South (qui en l’occurrence vient du « North » : Regina dans le Saskatchewan) abandonne la stridence du violon et du dobro pour une sonorité plus sèche venant peut-être des origines punk-rock des membres du groupe. Lire la suite

Les rappeurs fument de l’herbe… bleu – Gangstagrass Lightning On The Strings, Thunder On The Mic – Rench Audio RA08

51JTnfhqWxLIl n’aura pas échappé à l’audiophile lecteur de Tryphonblog, avide d’actualités internationales comme chacun le sait, que l’Amérique connait depuis quelques années une crise politique profonde liée à clivage croissant dans sa population.

Un fossé croissant s’est en effet creusé entre une population urbaine, multi-ethnique, ouverte aux minorités et en général plutôt libérale sur les mœurs et démocrate. Ces américains, habitants plutôt la côte ouest et le nord-est des États-Unis, sont assez viscéralement opposés à leur président actuel. Lire la suite

F**k off hifi – Sleaford Mods Chubbed Up + – Ipecac IPC 162

cover Sleaford mobsLa musique c’est comme la haute-fidélité. On peut par exemple écouter un quatuor de Schubert sur une platine Verdier à entrainement par fil accompagnée par un ensemble Accuphase à l’épaisse façade finement anodisée. Tout cela est indispensable pour mettre en valeur la transparence sonore d’une paire de Martin Logan… Vous reprendrez bien une coupette de Jacqueson 733 pour accompagner ? Lire la suite

J.S. Bach, Variations Goldberg BWV 988

godbergvariations55Une jeune demoiselle me demandait récemment : « Dis moi oncle Tryphon, c’est quoi la haute-fidélité ? » Bien qu’apparemment naïve, c’est une très bonne question. Il y a  bien sûr dans cette expression un sous-entendu universellement compris : Haute fidélité s’entend dans le sens haute fidélité dans la reproduction des sons.  Mais examinons de plus près ce que recouvre ces mots.

Le Larouse nous donne de reproduction la définition suivante : Action de reproduire un texte, une illustration, des sons : imitation fidèle. On voit tout de suite que cette définition pose deux concepts importants : la notion de modèle, de référence et celui de fidélité. Il ne s’agit donc pas tant de copier un original, au sens où la copie d’un CD ne peut pas être différentiée de l’original, que de retranscrire une expérience sensorielle.  On voit bien la dualité du son, à la fois phénomène physique de variation de pression de l’air mais également perception par un sujet, avec ce que cela implique d’émotion (à proprement parler de subjectivité).  Cette dualité objectif/subjectif dans la notion de reproduction fidèle peut se voir sur une expérience très simple : une restitution même très dégradée  d’une chanson sera immédiatement reconnue par un logiciel comme Shazam, alors que la réinterprétation live qui nous émouvra sera complétement ignorée par le même logiciel. Lire la suite

Big Black – Songs About Fucking – Touch & Go #24

bigblackLa première partie des années 70 a été dans la musique les années de tous les excès. D’abord pour les artistes par une consommation proprement stupéfiante de produits qui l’étaient tout autant. Ensuite par une sophistication dans les productions musicales qui demandent toujours plus de micros, plus de pistes d’enregistrement, plus d’effets et bien sûr des orchestrations qui noient la base basse, guitare, batterie dans des claviers, des orgues, des cuivres et des orchestres symphoniques complets. La haute-fidélité n’est pas épargnée par cette tendance et, là aussi, c’est l’époque du toujours plus: plus de watts, plus d’entrées, plus de correcteurs de tonalité et d’effets en tous genres. Une réaction salutaire s’impose et celle-ci viendra de Grande-Bretagne. D’abord avec le mouvement punk et sa suite qui reviendront aux fondamentaux du rock, de l’énergie pure déversée au travers de formations musicales plus simples à trois ou quatre instruments (1). Lire la suite