Menace sur la liberté des pressions

On comprend aisément que la liberté d’expression soit à l’opposé de notre conception de la haute fidélité. En effet, la haute fidélité est par essence la reproduction fidèle de la source, sans interprétation aucune ni analyse, modification ou distorsion de cette source. D’ailleurs, le slogan de firmes emblématiques de l’industrie audiovisuelle, « La voix de son maître », peut être interprété dans ce sens, comme la transmission directe du message original. Théorie vite mise en pratique par une bonne partie des magazines de la presse spécialisée francophone et internationale qui, à l’image de la Pravda, ont retransmis directement le message de leur maître, en l’occurrence les annonceurs. Les bancs d’essai de ces magazines sont donc en général des versions amplifiées et dithyrambiques des dossiers de presse des fabricants, en particulier les plus chers et exotiques.

Malheureusement, le numérique est apparu, et ce n’est pas le grand Michael Fremer qui nous contredira, il n’apporta rien de bon. Cela concerne bien évidemment les sources musicales mais également le domaine éditorial. On a ainsi trouvé des blogueurs et autres Youtubeurs qui, au lieu de transmettre la bonne parole, ont voulu vérifier en pratique les allégations des marques de hi-fi.

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El grande casete : el gravodor Sony EL-7

Notre ami Tintin ne s’est pas contenté de visiter les plus grands pays, l’URSS, les États-Unis ou l’Écosse, mais s’est aventuré dans des contrées plus exotiques comme le territoire des Arumbaya. Comme lui, l’audiophile ne se contente pas de ne s’intéresser qu’au vinyle, CD et cassette mais doit examiner des territoires moins balisés. C’est dans cette direction que nous allons aujourd’hui.

Une des entreprises qui a le plus contribué aux évolutions du marché de l’audiovisuel est sans aucun doute Sony. On lui doit, seul ou en collaboration, un nombre considérable d’innovations : le Compact Disc, le Walkman, le téléviseur Trinitron, le disque Blu-ray…Mais cette réussite exceptionnelle est accompagnée d’un nombre considérable d’échecs. Et si les Betamax, SACD ou encore MiniDisc n’ont pas rencontré le succès espéré, ce n’est rien comparé à la catastrophe industrielle que fut l’ Elcaset.
Sony, et c’est tout à son honneur, est une entreprise d’ingénieurs. À observer le succès de la cassette compacte de l’autre grand innovateur, Philips, ses ingénieurs ont identifié les avantages de ce support d’enregistrement : il est facile à utiliser et protecteur de la fragile bande magnétique. Mais motivés par la qualité sonore, ils sont frustrés par les performances limitées qu’offre un support aussi petit. Lire la suite

Semaine noire

Le XXIe siècle aura vu la déliquescence du marché de la haute fidélité. Le marché de l’électronique de loisir est depuis quelques années mené par deux grands secteurs : l’automobile (secteur lui-même en difficulté) et la mobilité (casque, dongle, enceinte connectée). Beaucoup d’acteurs de l’âge d’or de la hifi ont déjà disparu (Akai, Sansui , Kenwood…) ou ont été absorbés par des grands groupes comme Harman par Samsung. Pour les pures players, la vie est compliquée et on assiste à une partie assassine de  Monopoly.
On a vu récemment la faillite d’Audio Research qui avait été vendu quelques années plus tôt par sa maison mère. Qui ne s’en porte pas beaucoup mieux puisqu’on apprend hier que le groupe McInstosh-Sonus Faber est racheté par Bose. Que la marque créée par Amar Bose spécialisé dans le life-style s’empare d’une des marques les plus emblématiques, à l’origine de la haute-fidélité américaine, et de l’emblème de l’excellence manufacturière italienne, laisse songeur, voire un peu triste. Il semble au travers de cette opération que Bose, dont le marché est grignoté par des acteurs issus des nouvelles technologies – Apple/Beats, Sonos… – veuille renforcer sa branche « automotive » et « luxury goods »

Aujourd’hui, c’est Sound United qui mord la poussière. Le sort d’autres marques emblématiques comme Denon, Marantz et surtout Bowers & Wilkins est en suspens.

En cette semaine noire, mon conseil pour le Black Friday est donc le suivant : achetez tout ce que vous pouvez en audio, l’année prochaine y en aura plus.

Tryphon se met au vert : Altec 604

 

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, dit-on. Aussi, lors d’un article précédent, nous avions déjà débattu de l’exceptionnelle longévité de certains produits audio. Pour réparer un oubli, nous allons poursuivre dans cette voie dans l’étude de ce jour. Et il s’agit d’une sacrée gamelle : 38 cm, 14 kg. La soupe du jour sera servie dans des Altec Lansing 604.

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Au début de la stéréo : The Fisher X-202B

L’arrivée de la stéréophonie en 1957 a été une grande avancée pour la haute-fidélité. Avancée technologique – questionnable comme on l’a vu ici – mais également commerciale. Elle a permis un développement exponentiel du marché de la hifi domestique auprès des baby-boomers, outre le bénéfice immédiat de renouveler les sources pour les rendre stéréophoniques et de permettre mécaniquement de vendre deux fois plus d’amplificateurs et d’enceintes. Mais un changement aussi radical n’arrive pas sans créer quelques soucis, sur le marché des enceintes comme nous le verrons bientôt, mais aussi en terme de compréhension et d’acceptabilité auprès des utilisateurs.
Il y eut donc une période intermédiaire d’adaptation pendant laquelle les standards de la stéréophonie tels que nous les connaissons maintenant n’étaient pas encore tout à fait établis ou acceptés.
C’est de cette période que relève l’objet que nous avons remonté de la cave : un amplificateur The Fisher X-202B. Lire la suite

Choisir en haute-fidélité partie 2 : Believing is hearing

On a vu dans un article précédent qu’il fallait autant que possible éviter de choisir des éléments de sa chaîne haute-fidélité à l’écoute. Mais faute d’autres moyens, il faudra parfois s’y résoudre. Sauf à disposer d’un temps et d’un budget infini qui permettrait de réaliser des tests de tous les appareils dans le confort douillet de son auditorium privé, l’amateur audiophile va devoir affronter les écueils suivants :

  • Le peu de fiabilité, voir le caractère franchement folklorique des écoutes tierces telles que celles de la presse écrite ou en ligne et pire même, les avis trouvés sur les réseaux sociaux (1).
  • La diversité des caractéristiques acoustiques des lieux où l’on est susceptible de réaliser des écoutes
  • La variété des matériels qui fait qu’on a peu de chance de retrouver un minimum de stabilité dans ce qui accompagne l’appareil à évaluer,
  • La volatilité de la mémoire auditive
  • L’influence considérable des autres sens sur l’ouïe et plus généralement la prise en compte dans l’expérience auditive d’éléments autres qu’acoustique,
  • Et globalement les lacunes méthodologiques dans le processus d’évaluation

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Site de rencontre : Paris Audiovideo Show 2021

L’espace est toujours un peu juste, malgré une annexe à quelques centaines de mètres. Un moyen de transport écologique entre les deux sites était mis à disposition des visiteurs.

Après deux ans de plaisir solitaire, le temps de la convivialité revient pour les audiophiles avec la reprise des salons (1). Du 24 au 26 octobre se tenait donc le salon Audiovideo  Show de Paris. Et à propos de plaisir solitaire, selon la bonne vieille méthode de mesure subjective propre aux audiophiles, on aura observé qu’avec plus de 95%  de visiteurs masculins (2), on atteint une proportion encore plus déséquilibrée que celle de la fréquentation des sites pornographiques (70%). De ces chiffres, notre caractère optimiste retiendra deux choses : que le sexe intéresse plus les femmes que la hifi, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose et par ailleurs, qu’il y a encore un énorme marché à conquérir pour l’audio auprès de la gent féminine. Lire la suite

Agence de notation

La crise de 2008 a été pour le grand public l’occasion de découvrir le rôle des agences de notation dans l’évaluation des emprunteurs. Et que ce système où les émetteurs de dette payent les agences pour faire évaluer leur capacité à rembourser ne garantit pas, c’est un euphémisme, une parfaite objectivité dans l’obtention des notes dont la plus prestigieuse est le fameux AAA.
Aucun risque d’une telle compromission pour la plus prestigieuse agence de notation des éléments de haute fidélité qu’est la fameuse liste « Recommended components » de la revue Stereophile. Aussi se délectera-t-on sans réserve de la dernière parution d’octobre 2021, et en particulier de la catégorie la plus ambitieuse, la catégorie A+ des éléments réalisés « sans compromis » pour obtenir la meilleure reproduction sonore possible. Lire la suite