
L’espace est toujours un peu juste, malgré une annexe à quelques centaines de mètres. Un moyen de transport écologique entre les deux sites était mis à disposition des visiteurs.
Après deux ans de plaisir solitaire, le temps de la convivialité revient pour les audiophiles avec la reprise des salons (1). Du 24 au 26 octobre se tenait donc le salon Audiovideo Show de Paris. Et à propos de plaisir solitaire, selon la bonne vieille méthode de mesure subjective propre aux audiophiles, on aura observé qu’avec plus de 95% de visiteurs masculins (2), on atteint une proportion encore plus déséquilibrée que celle de la fréquentation des sites pornographiques (70%). De ces chiffres, notre caractère optimiste retiendra deux choses : que le sexe intéresse plus les femmes que la hifi, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose et par ailleurs, qu’il y a encore un énorme marché à conquérir pour l’audio auprès de la gent féminine.
Autre raison de se montrer optimiste, après quelques années où le principal secteur porteur et innovant était celui des casques (toujours le plaisir solitaire), c’est maintenant l’ensemble de l’audio qui semble reprendre des couleurs. Une des raisons de ce regain est la croissance continue du marché du vinyle. Si la musique dématérialisée a porté le marché du casque, l’écoute des disques noirs entraîne une pratique moins solitaire de l’écoute. Et surtout, les jeunes qui ont découvert le vinyle il y a quatre ou cinq ans avec une mauvaise platine bluetooth sont maintenant à la recherche d’une montée en gamme. Et de fait les visiteurs du salon étaient d’âges beaucoup plus divers que ce que l’on pouvait observer il y a quelques années.
Nous n’allons pas faire ici une analyse exhaustive des nouveautés présentées dans ce salon ni faire de compte rendu d’écoute, ce dernier type d’activité étant de toute façon totalement anecdotique dans les conditions d’un salon. Mais nous allons partager nos réflexions issues d’une pérégrination tranquille.
Nos voisins français peuvent se réjouir, et c’est bien normal pour leur salon national, les marques françaises étaient présentes en force. Outre les suspects habituels, Focal, Devialet, Atoll… nous avons pu découvrir :
Chez Elipson on présentait le préamplificateur P1 et l’ampli A2700. Deux produits assez joliment dessinés, fabriqués en France mais aux caractéristiques probablement trop sages.
Comme Ingres et Fernand Naudin, Diptyque vient de Montauban. Ouvertement admirateurs de Magnepan, Gilles Douziech et Eric Poix, les deux créateurs de la marque proposent une gamme de quatre haut-parleurs isodynamiques, essentiellement deux voies. Les modèles les plus réussis esthétiquement sont les deux bas de la gamme. Ils se présentent sur un pied façon psyché très élégant et fort pratique pour des HP plans. Plutôt adaptés pour la diffusion stéréophonique, on attend la version Pentaptyque pour le home-cinema.
On salue le retour d’Audioanalyse. Bien sûr, il n’y a pas de rapport direct entre la marque d’origine et cette nouvelle gamme, mais on appréciera ce qui est plus qu’une évocation du mythique A9 puisque les circuits seraient les mêmes. L’objet est superbement réalisé et reprend les mêmes profilés de radiateur que son ancêtre. La bête a quand même grossi de 50% ce qui ne peut que bénéficier au refroidissement des 2X50W en pure classe A. Nous sommes impatients de réaliser un test comparatif entre les deux générations de A9.
Chez Cabasse, on pouvait écouter le système Pearl Keshi. Si on dit que le son de ce système est assez quelconque, on ne lui rendra pas justice. Mais pour 2500€, on a droit à une mallette en bois qui contient un système connecté 2.1 dont les satellites ne sont guère plus gros qu’une mandarine. On peut donc installer chez soi un système quasi invisible tout en bénéficiant d’un rendu proche de celui d’une chaîne traditionnelle. Ce n’est quand même pas tout à fait rien. Plus haut dans la gamme, les Pearl Pelegrina (beaucoup plus haut dans la gamme et beaucoup plus gros, on est plutôt de l’ordre de la citrouille) reprennent le même principe d’enceintes sphériques connectées. L’écoute était par contraste plus décevante avec un certaine mise en avant du medium propre aux Cabasse à l’ancienne. Ce dernier commentaire est bien sûr à prendre avec toute la prudence relative à une écoute non contrôlée dans le local inadapté d’une foire à la hifi.
Bien sûr, de nombreuses marques internationales étaient également présentes, trop nombreuses pour être toutes citées.
Nous n’avions pas été convaincus lors du salon 2016 par le Smyth realiser de Smyth-Research, tant dans son utilisation que dans le rapport qualité prix. Outre une version dans un boitier 2U plus discrète, une version « SE » , pour Speaker Edition, est maintenant proposée. Si le tarif- plus de 5000€ – pose toujours problème pour ce qui n’est principalement que du logiciel (alors même que la version HP, s’affranchit de la problématique de détection de mouvement de la tête), la proposition est une alternative intéressante pour éviter l’installation de multiples câbles et haut-parleurs dans son salon tout en profitant des effets multicanaux des films à grand spectacle sur un simple couple stéréophonique. La démonstration dans une salle certes minuscule sur un trop bref extrait du film Gravity montre en tout cas un potentiel à investiguer.
Pour ce qui est des nouveautés, la plus importante était évidemment la présentation en France de la dernière génération de la gamme 800 de B&W. L’écoute de la 800D4 était somptueuse, aidée il est vrai par le lieu. L’auditorium B&W était en effet de bonne taille et contrairement à beaucoup d’autres pièces n’était pas mitoyen d’un autre auditorium. Pour autant, les progrès si ils existent avec ces D4, sont sans doute plus limités que l’amélioration très sensible qui sépare la série D2 de la D3.

Le plus bel auditorium était à portée du stand B&W : Il s’agit bien sûr de celui de Radio France
Enfin, malgré un étalage de matériel tout à fait réjouissant chez McInstosh Group (3) notamment avec de (très) belles et grosses enceintes Sonus Faber alimentées par six voies d’amplification McIntosh, nous n’avons pas résisté au discours totalement affligeant du présentateur(4) et sommes partis avant l’écoute.
La palme du kitsch, pardon du Klipsch, était sur le stand éponyme sur lequel on trouvait un mélange de Harley-Davidson, d’amplificateurs Jadis et d’enceintes de la gamme Heritage (Heresy, Cornwall, Scala et Klipschorn). La première étant fort heureusement moteur coupé, l’écoute des deux autres nous a irrésistiblement fait penser à une histoire de confiture et de cochon.
(1) Enfin « du » salon. Celui organisé par le magazine Haute-Fidelité (dit aussi salon du câble audio) est absent sans qu’on sache si c’est à cause de la pandémie ou des travaux du Marriott Rive Gauche qui l’accueillait habituellement.
(2) À rebours de la tendance actuelle, nous n’avons pas de donnée pour les non-binaires. Il semble d’après Tintin, que nous avions envoyé pendant les journées grand public et qui nous a rapporté ces chiffres, que le salon ait attiré un grand nombre de visiteurs.
(3) Malgré la revente d’Audio Research en 2020, on trouvait encore quelques traces d’AR sur le stand
(4) Sans parler du fond, on peut imaginer que certains discours sur le double/triple câblage et de la double/triple amplification auraient peut-être pu trouver un certain écho auprès du grand public audiophile. Mais le lundi devant un public de professionnels, c’était assez pitoyable.