Tout le monde connaît Elon Musk, le fantasque entrepreneur à l’origine du constructeur automobile Tesla. Qu’on apprécie ou pas le personnage, force est de constater qu’il s’agit d’une véritable réussite. Musk a créé un véritable produit de rupture. Rupture technologique d’abord en offrant le premier véhicule électrique véritablement utilisable. Rupture industrielle en créant de toute pièce un appareil de production en dehors de toute perspective historique dans une filière où les acteurs – en dehors des constructeurs chinois qui se sont bâtis sur des partenariats – sont quasiment tous centenaires. Rupture marketing en créant une image extrêmement valorisante et moderne pour son acheteur et en s’affranchissant presque totalement des infrastructures (distributeurs, garages, pompes à essence) existantes. Le nom de la marque en lui-même à fait l’objet d’une recherche pour se mettre sous l’ombre tutélaire d’un grand scientifique. Avec de telles qualités, on s’attendrait presque à trouver des Tesla en vente chez Colette.
Ce que l’on sait moins d’Elon Musk, c’est sa passion pour la haute-fidélité. Soucieux de transformer cette passion en une affaire juteuse, Musk a recruté à prix d’or une large équipe d’ingénieurs auprès des meilleures universités, des secteurs les plus innovants des GAFA et de quelques constructeurs de la hifi high-end. À l’image de ce qu’il a réalisé dans l’automobile, il leur donna les consignes suivantes :
- Créer une marque dont le nom évoque un esprit brillant (tiens pourquoi pas un des auteurs de l’encyclopédie pour faire sérieux),
- Concevoir des produits basés sur une technologie de pointe exclusive…
- …dont les performances surpassent celles des produits existants,
- Assurer l’évolutivité des appareils qui doivent disposer d’un véritable système d’exploitation pouvant être mis à jour,
- Tenir compte de l’environnement d’utilisation en offrant des fonctions qui tel l’autopilot de la Tesla S aide l’utilisateur. L’amplificateur doit pourvoir s’adapter aux différentes sources mais surtout aux différentes enceintes.
Malheureusement pour le créateur de Tesla, après des mois de travail acharné et des millions de dollars dépensés en R&D, l’équipe d’Elon Musk revint avec des conclusions très décevantes : Bien loin de la Californie, dans un petit pays plus connu pour son fromage que pour son innovation, une entreprise les avait devancés dans cette recherche : une start-up prometteuse, repérée par les meilleurs investisseurs français (Xavier Niel. Bernard Arnault, J-A Granjon…), avait déjà créé le produit répondant à ce cahier des charges. Son nom : Devialet.
Pire que tout, les appareils Devialet étaient déjà en vente chez Colette !
Pour parachever cette réussite de nos voisins d’outre-Quiévrain, il ne manquait qu’un essai d’un Devialet par le media le plus respecté, le plus compétent, le mieux informé, le plus sérieux, le plus objectif et le plus lu de la presse en ligne consacrée à la hifi : Tryphonblog.com. Nous allons combler dans l’instant cette lacune.
Comme la Tesla S, le Devialet utilise en fait des technologies qui ,prises individuellement, existent déjà : Dac Texas Instrument PCM 1792, DSP, amplification en classe D. Mais la grande force de Devialet, sa recette originale, c’est son architecture. Les différents modules, E/S, conversion A/D et D/A, renderer upnp, DSP et étages de puissance sont orchestrés par un véritable système d’exploitation(1) qui permet une foultitude de combinaison. Ainsi, grâce au configurateur, l’utilisateur peut faire évoluer son appareil en fonction des sources à sa disposition et même, en l’accouplant à un appareil identique, avoir des blocs de puissances mono deux fois plus puissants tout en bénéficiant des entrées supplémentaires du second appareil. On a même vu au salon haute-fidélité de 2015 que huit intégrés Devialet pouvaient assurer le filtrage actif et l’alimentation des huit canaux d’une paire de B&W Nautilus (2) .
Le second point fort de l’appareil est sa finition. Le look and feel, comme on dit dans la langue d’Elon Musk, est vraiment exceptionnel. La qualité des matériaux et de la finition chromée sont réellement de haut niveau tout comme l’utilisation de la télécommande qui est vraiment un plaisir. Évidemment, cette qualité visuelle et tactile se fait parfois au détriment de l’aspect pratique et si la télécommande est fort belle, on a vraiment l’impression qu’elle est plus faite pour trôner sur une table basse que pour être tenue à la main. Comme elle ne dispose pas d’écran intégré, on se repose sur l’écran de l’appareil qui est parfaitement invisible sauf à regarder le Devialet du dessus, par exemple si on l’accroche au mur comme un tableau. Ce petit écran rond à alors la particularité comme sur un smartphone, de s’orienter automatiquement. Dans tous les cas, on gardera un chiffon en microfibre à portée de main tant cette débauche de chrome est sensible aux traces de doigt et à la poussière.
Mais comme on dit dans la langue de Tim Cook, the proof of the pudding is in the eating, et donc il est temps de procéder à l’écoute.Pour celle-ci, nous avons réuni la fine fleur de la critque et outre Tryphon et Archibald, nous avions le général Alcazar et Séraphin Lampion. On sait que l’écoute critique est comme le sport de haut niveau qui après l’échauffement, suit des procédures précises que nous allons décrire. L’échauffement consistait à une écoute sans objectif particulier, à niveau modéré de musique dont j’ai oublié les titres. Une bonne hydratation est impérative pendant cet échauffement. Elle était assurée par un Alsace Grand Cru Kaefferkopf 2012 des Hospices de Strasbourg. La suavité d’un assemblage de vendanges tardives était fort bienvenu pour diminuer les risques de fatigues des membranes auditives mais sans non plus saturer les sens comme l’aurait fait un pur gewurztraminer.
L’écoute critique proprement dite a consisté à alterner, sur des musiques variées, le système de référence, le Devialet, un Château de la Roulerie « Magnolia » 2015 et un Macon-Loché Château Loché 2014 du négociant Jean Loron,. Dans un soucis d’objectivité, les différentes combinaisons amplificateur / vin / enregistrement ont bien sûr été analysées par nos experts.
Cinq enregistrements nous ont servi. Teen town, par Marcus Miller (Dreyfus 1993), Flight 861, par Jay Leonhart (DMP 1983), Shéhérazade, de Ravel par Régine Crespin et Ernest Ansermet (DECCA 1963) et un notre vieil ami l’ouverture d’Il Signor Bruschino extrait du disque test de la NRDS de janvier/février 1996. En vinyle nous avions Helvète Underground (de l’album Passé le Rio Grande) par Alain Bashung (Philips 1986). En complément nous avons également écouté Ride Across The River de l’album Brother In Arms de Dire Straits sur support vinyle, CD et SACD.
Les conclusions de cette séance ont été assez tranchées : Loché mérite bien une réputation au delà de la Gare TGV et le vin dégusté était très intéressant,riche et plein tout en gardant une certaine tension. Thierry Germain, du Château de la Roulerie, nous a régalé avec sa petite cuvée Magnolia, vive en diable ; un bien joli chenin qu’il faut toutefois éviter de marier à un enregistrement trop brillant sous peine de sensation d’acidité marquée. En ce qui concerne le son, le rendu du Devialet est tout bonnement de très grande qualité. En particulier, le son fait preuve d’une très grande précision et d’une aération remarquable. Les voix masculines et féminines que nous avons écoutées livrent une belle émotion, bien timbrées et profondes. La transparence semble aussi très bonne comme l’ont démontré les écoutes du bruit de bande sur le vieil enregistrement DECCA ou le brouillon enregistrement de Passer le Rio Grande, typique des années 1980.
Le bas-medium et les basses sont très bien tenus sans paraître en retrait bien au contraire. En témoigne l’écoute spectaculaire du slap de Marcus Miller : du joli PRaT ! Il n’est par contre pas clair que ce résultat soit dû au système SAM (3) d’adaptation de l’amplificateur aux enceintes (par un procédé par ailleurs peu explicité dans la communication Devialet) car nous n’avons pas noté de différence notable à l’écoute suivant l’activation ou non du SAM (4).
Au terme de cette écoute, et en raison de ses performances et de son caractère innovant, nous accorderons un prix bien velu à Devialet: une belle paire de moustache, des Moustaches de Pleksy-Gladz.
Tryphonblog, tient à remercier la société Devialet pour le prêt d’un amplificateur intégré D200.

L’ouïe du chat , similaire à celle de l’humain en basse fréquence s’étend jusqu’à 60kHz dans l’aigu. L’aide de Schrödi est donc la bienvenue pour les écoutes critiques à Moulinsart, surtout qu’il est le seul à ne pas avoir fini l’écoute sérieusement éméché.
(1) Le caractère informatique de la bête se révèle dès le démarrage (doit-on dire boot?) où on a droit à une barre de progression dans le plus pur style Windows
(2) Il s’agissait d’une démonstration extrême que vous ne pourrez pas configurer vous-même avec l’outil en ligne du site Devialet. En effet, en l’absence de filtre passe-bande, le configurateur ne permet le filtrage actif que sur deux voies par enceinte.
(3) On prendra bien garde à ne pas confondre SAM© de Devialet pour Speaker Active Matching avec SAM™ de Genelec pour Smart Active Monitor.
(4) Nous n’avons pas de conclusion définitive sur le sujet, car si on peut penser qu’il s’agit d’un système qui contrôle le déplacement des membranes par une correction préventive du signal en fonction des caractéristiques connues de HP particuliers, il aurait bien sûr moins d’influence sur un modèle d’enceinte dont le grave est bien contrôlé à l’origine.
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Quelqu’un a-t-il remarqué la forme du seul bouton de l’interrupteur de l’ampli ?
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Impossible Professeur de prendre en compte d’un point de vue raisonnable l’attribution de ces moustaches à un appareil qui vous a été prêté voyons !
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