Même dans la maison la mieux tenue d’un audiophile , il y a deux endroits qui attirent inévitablement la poussière : le dessous des lits et la surface des vinyles. L’audiophile et sa femme de ménage ont donc les mêmes préoccupations ; ils passent leur vie à combattre la poussière et les salissures. Le manque de temps ne me permet pas de m’étendre longuement sur le lit et le manque de place dans ce blog de se pencher sur les dessous de l’affaire aussi nous contenterons nous d’examiner le cas des vinyles.
Pour le collectionneur adepte des foires aux disques, c’est encore pire. En plus de la poussière attirée par l’électricité statique, il se verra confronté à tout un tas d’objets noirs et plats qui au-delà de leur usage initial auront servi de sous-bock, d’assiette, de frisbee et d’autres usages que la présence sur ce blog de jeunes lecteurs m’empêche de décrire (ah les pochettes de Roxy Music…).
Pas de panique, la communauté audiophile a développé tout un tas de produits, d’appareils et de tutoriels pour nettoyer les sons impurs qui ont abreuvé nos sillons. Mais ces méthodes ne vont pas sans poser des problèmes : inefficacité, prix délirant, encombrement, bruit, elles sont en général mal pratiques voire dangereuses.
Heureusement une jeune femme, Hermine Demoriane, a trouvé une technique à la portée de tout un chacun : pourquoi ne pas mettre tout simplement les disques au lave-vaisselle.
Cette méthode a été publiée en 1982 sous le titre The World On My Plates (Crammed Discs CRAM 019).
C’est donc un disque que tout audiophile sérieux se doit de posséder.
Les autres aussi auront des raisons pour s’intéresser à ce (mini)album.
- Pour la pochette bien sûr avec cette photo de Richard Rayner-Canham représentant une scène très évocatrice où la jeune maîtresse de maison (Hermine), élégamment vêtue et portant des gants de soirée, range délicatement dans le lave-vaisselle, les scories (en l’occurrence les fameux vinyles) d’une soirée qu’on suppose très mondaine.
- Pour la musique surtout et la voix d’Hermine dans un mélange de force et de fragilité qui peut faire penser à Nico. L’interprétation est toujours sur le fil entre indifférence et désespoir, toujours à deux doigts de déraper. Tour à tour actrice, auteure, fil-de-ferriste, châtelaine de Sacy, la chanson n’aura été qu’un passage dans la vie d’Hermine Demoriane. Mais ce passage nous aura marqués comme les effluves d’un amour trop vite disparu.
Conseil d’écoute :
Nul besoin d’une platine très sophistiquée pour écouter The World On My Plates. A l’image de la robe d’Hermine, on choisira une platine élégante mais simple et de bon goût, point trop ostentatoire pour éviter de mettre les invités mal à l’aise. Pourquoi pas une Rega planar 3 avec le bras RB300. La cellule, tel un bijou en or qui relève l’ensemble, pourra être une Denon DL 304.