A la fin des années 80, les transistors sont en passe de supplanter définitivement les tubes . Même, les défenseurs historiques de ces derniers comme Conrad Johnson et Audio Research semblent hésiter. Du SP10 au SP15 en passant par le SP11, le préamplificateur vedette de William Zane Johnson perd peu à peu ses tubes.
La réaction s’organise au début des années 1990. Venant du Japon des marques semi artisanales arrivent en proposant des produits totalement bio – pardon – sans transistor : Audio Note, Wavac…
En Occident, des fanzines se créent pour soutenir ce mouvement : Sound Practices (un fin jeu de mot), Vacuum Tube Valley.
En 1995, le terrain est prêt pour que la filiale japonaise de Philips, Marantz frappe le grand coup qu’elle prépare en secret depuis 1989 : le projet T1.
Dernière (chef d’)oeuvre de Kasuko Ueno,le T1 est un bloc mono qui utilise une paire de 300B en étage d’entrée, une autre paire de 300B comme driver pour une paire de 845 qui délivrent 50W. Mais à quoi sert l’autre paire de 845 ? A la régulation ! Soit par canal quatre 300B et quatre 845 ! Mais le T1 est à la pointe de la technologie car il embarque tout une électronique de régulation pour assurer automatiquement une utilisation optimale des tubes. . Tout est hors norme dans le T1,le poids (65kg), le prix (50 000€), la rareté (50 paires ?), la qualité de construction. On se demande comment dans une multinationale comme Philips, on a pu approuver un tel projet : pas de logique de gamme, le T1 est beaucoup plus cher que le modèle suivant dans la gamme. Marantz ne propose même pas de préamplificateur a associé au T1.
L’esthétique de la bête, anodisation champagne, coins arrondis, vu-mètre rond, sera le style du haut de gamme Marantz jusque dans les gammes contemporaines.
Le T1 est l’emblème, et probablement le sommet, du renouveau de l’amplification à tube.
Le projet T1 mérite ses Moustaches de Plekzy-Gladz.
Et pas qu’un peu.