La dématérialisation est devenue un enjeu majeur pour les entreprises du secteur audio. L’amateur de musique « moyen » écoute maintenant surtout de la musique en provenance d’internet, de son ordinateur, de son smartphone ou pour les plus organisés d’entre eux d’un serveur de stockage. Ces amateurs sont plutôt jeunes, ne possèdent pas un grand nombre de CD ni de vinyles ni bien sûr, le matériel de reproduction qui va avec. C’est donc tout naturellement le marché des enceintes plus ou moins connectées qui représente le gros des efforts des fabricants de matériel audio. Cela est vrai à tous les niveaux depuis le bas et milieu de gamme représenté par Beats, Bose ou Sonos jusqu’au haut de gamme comme les Naim Mu-So et Devialet Phantom.
L’audiophile n’est pas sourd à l’appel de la dématérialisation mais il ne peut pas se satisfaire de cette solution d’enceinte intégrée pour remplacer sa chaîne faite d’aluminium brossé, de tubes de verre, de pavillons et de membranes de haut-parleurs aux matériaux exotiques. Il aura acquis tout cela à tempérament et les mensualités de son prêt sont devenues aussi lourdes que des blocs mono Boulder. L’audiophile saura donc être regardant sur le rapport qualité/prix du vil accessoire informatique qui lui permettra de lire de la musique dématérialisée.
Chose qu’a bien comprise Sonos dont le modèle Connect permet d’alimenter sa chaîne hifi à partir d’une sortie ligne ou d’une sortie numérique coaxiale ou optique. Pour qui dispose essentiellement de fichiers au format CD – 16 bits 44 kHz – le Sonos Connect est une solution séduisante car il permet d’écouter sa discothèque dématérialisée au travers du convertisseur de son choix (y compris le DAC intégré du Connect) avec une ergonomie fort bien conçue. Le point fort de Sonos est en effet la partie logicielle. L’installation d’un système Sonos est très simple et le logiciel de contrôle, disponible sur smartphone, tablette et ordinateur est réellement pratique.
Le Sonos souffre cependant de quelques faiblesses. Passons sur un boîtier à la finition un peu frustre, il suffira de bien le cacher car il n’y a aucune action à avoir sur ce boîtier, tout se passe sur le logiciel de contrôle en wifi. Pour ce qui est des formats, on sera moins indulgent. Le système Sonos ne supporte pas de résolution supérieure à 16 bits/48 kHz. On regrettera, mais il n’est certes pas le seul, que le logiciel Sonos ne gère pas non plus les fichiers images de disque accompagnés d’index.
Mais le plus gros problème est celui du prix. Le boîtier Connect est en effet vendu 399€. En terme d’audiophilie il s’agit sans doute de petite monnaie. Mais quand le consommateur audiophile constate que l’enceinte Sonos Play 1, qui intègre de facto l’équivalent du Connect et offre en plus un amplificateur et un haut-parleur, est vendue par Sonos seulement 229€, il se sent pousser des ailes… …de pigeon.
Cela laisse la porte ouverte à des concurrents. Que dire par exemple d’un équivalent du Sonos Connect qui serait compatible avec les fichiers 24bits / 96kHz et ne couterait que le dixième du prix ? C’est exactement ce que propose Google avec le Chromecast Audio.
Toute la question pour l’audiophile sera donc de savoir si une telle différence de prix se paye d’une ergonomie médiocre et d’une qualité sonore de second ordre.
The proof of the pudding is in the eating et pour ce qui est du pudding audio dématérialisé la preuve est dans l’écoute comparative. C’est ce à quoi Tryphonblog s’est attaché. Nous avons donc face à face le Sonos Connect, un boîtier carré blanc de 14 cm de côté, 7 cm d’épaisseur et 700g et de l’autre le Chromecast de Google dont la forme évoque un mini 45tr de 5 cm de diamètre, à peine plus d’un centimètre d’épaisseur et seulement 30g. L’objet est tellement petit et discret que la question de la finition se pose à peine.
L’écoute est réalisée sur la chaîne de la petite bibliothèque de Moulinsart (40m2) comprenant une paire de B&W 802N alimentée par un préamplificateur symétrique et deux blocs mono de 500W. La source est un NAS Synology. L’application « controller » est dans les deux cas DS Audio de Synology. En combinaison avec Audio Station sur le serveur, les dernières versions de DS Audio gèrent les flac + cuesheet en plus d’avoir une ergonomie en grand progrès. Certaines écoutes ont également été faites au casque.
Dans un premier temps, on écoute les deux streamers par leur sorties analogiques, au travers de leur DAC interne, un AKM 4430 pour le Chromecast et un Cirrus Logic CS4265 pour le Sonos. Sur le Chromecast, on a bien évidemment pris soin d’activer le mode High Dynamic Range, qui comme son nom ne l’indique pas, consiste en fait à désactiver la compression de dynamique qui est active par défaut (!).

DS Audio permet de gérer simultanément plusieurs renderers dont le Sonos, avec l’avantage dans ce cas de gérer les fichiers d’index (cuesheet).
Si ce sont bien les mêmes fichiers qui sont lus et que les niveaux ont été ajustés au mieux, il n’en reste pas moins quelques écarts méthodologiques inévitables. Cela est dû en particulier à la connectique qui n’est pas identique sur les deux appareils. Le Sonos dispose d’une sortie RCA alors que le Chromecast ne dispose que d’une sortie mini-jack 3,5mm. Cela limite forcement le choix des câbles. Dans la gamme Crystal par exemple, les connecteurs mini-jack vers RCA sont limités à la gamme Piccolo Diamond (environ 500$), bien loin de nos gammes habituelles, Reference (2400$) et Absolute Dream (13500$).
Pour des raisons pratiques, le test n’a malheureusement pas été fait en double aveugle, mais nous avons fait confiance au flegme de Nestor, en charge de la commutation des sources, pour avoir des conditions scientifiquement satisfaisantes. En ABX, le taux de reconnaissance a été de 87.7% ce qui montre clairement une différence entre les deux streamers. Subjectivement, le Sonos semble mieux défini et plus précis en particulier dans le bas medium. Il semble également descendre plus bas.
Alors victoire sans appel du Sonos ?
Non car comme disent nos amis anglais, ce n’est pas fini tant que la grosse dame n’a pas chanté. Ceux qui y voient une allusion à notre amie Bianca, sont bien peu galants, même si il est vrai que l’air des bijoux de Faust fait partie de notre playlist de test, et est même un des plus discriminant qui soit.
Non, car pour la seconde session d’écoute, nous avons évalué les sorties numériques des deux appareils. Le Sonos était relié en coaxial à un convertisseur de bonne facture disposant de quatre DAC (2 par canaux en mode différentiel). Le Chromecast, et c’est le seul choix possible, alimentait le même convertisseur par son entrée optique.
Dans ce cas, le taux de reconnaissance tombe à 45,2%, ce que confirme l’analyse subjective où aucune différence n’est perçue entre le Sonos et le Chromecast. Par contre la qualité est dans les deux cas très supérieure à celle obtenue au travers des DAC embarqués dans les streamers.
Ainsi, sur des considérations purement auditives, le Sonos Connect ne présente aucun avantage sur le Chromecast Audio pourtant dix fois moins cher.
Même si de notre point de vu compte tenu de la différence de prix le choix est clair le tableau ci-dessous donnera quelques indications sur d’autres critères différenciateurs qui pourront entrer en ligne de compte.
Sonos :
Chromecast :
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