Je suis récemment allé voir le professeur Topolino à Nyon, dans sa maison toute neuve(1). Sur la route du retour, entre un TGV Lyria et un Thalys, j’ai fait une pause à Paris au Novotel Paris Tour Eiffel, où j’espérais me reposer un peu. Malheureusement la soirée de vendredi fut fort mouvementée. En effet se tenait dans cet hôtel un salon consacré à la haute-fidélité, le « Festival Son & Image 2015 ». Depuis mes mésaventures au Congrès International d’Astronautique de Sidney, j’ai un peu peur de tous ces événements, foires, salons et autres congrès. Mais quelques personnes m’ayant reconnu, je fus pressé de faire un tour des stands.Ces salons sont des endroits intéressants pour découvrir les évolutions, les produits nouveaux et les tendances du marché. On aurait tort de croire par contre que ce genre d’événement puisse en quoi que ce soit permettre d’écouter, d’apprécier et de comparer les produits. Aussi ne donnerons nous pas d’avis d’écoute définitif mais juste des impressions. Encore que pour certaines marques, le choix de la décoration des stands et des morceaux en écoute peut déjà être révélateur d’un mauvais goût de la marque ou de ses représentants…
Était-ce la fatigue du voyage ? l’usure des piles de mon sonotone ? Mais il faut bien dire que j’ai été assez déçu par ce salon pour deux raisons :
D’abord pour l’absence de nos constructeurs nationaux. En effet, même si les marques françaises étaient fort bien représentées (nous y reviendrons) témoignant d’un dynamisme audiophile certain outre-Quiévrain, je n’ai vu aucun fabricant belge.
D’autre part, les tenants de la vraie science étaient fort discrets. Où étaient les Peter Belt, Jack Bybee, Rick Schultz, Richard Césari (Esprit), OSH? La majorité des exposants étaient des marques qui semblent croire que l’électronique et l’acoustique sont les domaines scientifiques qui prévalent dans l’élaboration des produits audio. Nous n’avons donc pas pu avoir ces discussions passionnantes sur des sujets aussi sérieux que les Micro Induction de Surface, sur la manière dont nous sommes émus par les EMI et autres sujets fondamentaux de la hifi. Tout au plus avons-nous pu voir quelques fabricants de câbles exotiques.
Comme nous le disons les marques françaises étaient en force avec la vieille garde Elipson et Cabasse, les valeurs sûres comme Focal et Micromega et les jeunes loups Athom ou Devialet …
Probablement l’entreprise la plus importante du secteur audio en France, Focal montrait les Sopra 2. Servie par une pièce de très bonne taille, l’écoute était de grande qualité, aussi intense que la couleur orange de la paire de démonstration.
Absente du salon, Naim autre filiale de VAG(2) avait laissé sa place à Micromega à l’amplification. Les Sopra étaient en effet alimentées par la grande nouveauté de Micromega, l’ampli M-ONE. Adepte de l’esthétique plate initiée par Devialet, cet ampli fait preuve d’une belle finition, la version en écoute donnant l’impression d’être un monobloc d’aluminium. Un programme de personnalisation (dit Micromega Custom Finish : MCF) permet d’avoir une finition laquée, en carbone et pourquoi pas peut-être bientôt une version Hermes en cuir ? Plus sérieusement, toujours dans l’esprit Devialet, le M-ONE embarque un DSP appelé MARS (Micromega Acoustic Room System) qui s’attaque lui à la problématique de l’adaptation des enceintes à la pièce d’écoute.
Autre marque française, Athom présentait les GT1 accompagnées du caisson de basse GT SW2. Athom est assez proche de Devialet (Athom produit une série spéciale Devialet de ses enceintes) et c’est donc un amplificateur de la marque qui les alimentait.
Nous avons été moins enthousiasmés par les démonstrations d’autres marques françaises tel qu’Héliade et Waterfall plus orientées vers le home-cinéma.
En dehors des écoutes, deux autres présentations de marques françaises méritent d’être relatées.
Elipson faisait écouter la BS 50 issue de la série « tribute » destinée aux nostalgiques. Mais il semblerait que la marque nous prépare dans la même gamme un hommage à la mythique 1303. On l’attend avec impatience. Elipson présentait également ses nouvelles platines vinyle les α et Ω, fabriquées en France et proposées à des prix fort raisonnables.
Prix raisonnable n’est pas un qualificatif qu’on peut employer pour l’Andara de Jean-Marie Reynaud dont le prototype était exposé, présentation malheureusement statique (et de face, le panneau arrière couvrant l’électronique n’ayant pas encore été livré !) pendant la soirée de vendredi. Mais le très sympathique Jean-Claude Reynaud nous a expliqué certains aspects de la conception et de la réalisation de ce modèle exceptionnel. Le coffret reprend un peu l’esprit des dernière B&W en positionnant les haut-parleurs au fond d’un U fermé et non pas sur le baffle. Mais JMR n’a pas choisi la facilité en réalisant cette forme dans une plaque d’aluminium de 8mm.
Mais il n’y avait pas que des produits français bien entendu. Quatre présentations ont retenu notre attention.
B&W disposait d’un stand immense dont la vedette était évidemment la nouvelle série 800. Mais c’est dans un salon de taille raisonnable (environ 50m2) que la démonstration des modèles 805 et 803 se déroulait. Ladite démonstration était extrêmement probante. Des deux modèles, le plus impressionnant est le plus petit, la 805D3. Une enceinte de format bibliothèque qui dans une pièce de taille normale se passe de caisson de basse et délivre une prestation d’une qualité exceptionnelle.
Dans un autre salon de bonne taille, Meridian présentait son haut de gamme avec les enceintes DSP8000 et le « controller » 818V3. Les moyens mis en œuvre sont de haut niveau tout comme le résultat.
Défenseur d’une approche plus traditionnelle, PMC faisait écouter dans une pièce malheureusement trop petite un excellent système tri-phonique (et j’aime les systèmes tryphoniques évidemment) sur la base des petites twenty.21 du caisson twenty.sub.
Enfin dans un tout autre registre, les baladeurs Cowon Plenue 1 et M sont des objets tout à la fois performants et d’un aspect très valorisant. On a l’impression en les prenant en main d’avoir une belle brique d’aluminium finement brossé. La conversion fait appel à la fine fleur des DAC en l’occurrence un Texas Instruments PCM 1792. Ces baladeurs étaient, il faut le dire, bien aidés par des casques de haute volée comme les Hifiman HE-1000.

Pro-Ject a décidé d’abandonner la fabrication de platine pour se lancer dans la diffusion de cartes postales.
En l’absence d’Archibald, en voyage d’étude aux États-Unis, je ne me permettrai pas de faire de commentaires sur le champagne et les vins servis pendant les démonstrations mais, accompagnés de charcuterie et de fromages, ils aidaient à une écoute sereine et distanciée dans la meilleure tradition de Tryphonblog.
Puisqu’on parle de tradition, sacrifions à celle des « best of the show ». Comme nous le disions, il s’agit de d’impressions rapides, dans des pièces et sur des programmes musicaux que nous ne maîtrisions pas, aussi il ne s’agit pas de décerner nos habituelles moustaches et TTaward. Nous nous contenterons d’une version moins formelle de ces trophées.
Les Moustaches du salon :B&W 805D3 : La technologie de la série 800 de B&W dans un format compact. Descend subjectivement très bas pour des enceintes de ce format. Et prix presque abordable (6000€ la paire quand même). |
TTAward du salon :Amadeus Philharmonia : Un dessin (qui serait dû à Jean Nouvel !) et une finition exceptionnelle en multiplis. Par contre l’écoute était assez moyenne, peu aidée il est vrai par la diffusion d’une reprise médiocre de Simon et Garfunkel lors de notre présence. |
(1) Rappelons que suite à l’Affaire Tournesol, sa précédente maison fut détruite.
(2) Rien à voir avec Volkswagen, il s’agit de Vervent Audio Group.