Une enceinte de course (au large) : Cabasse Clipper 312 M2

En horlogerie, on fait une différence entre les manufactures qui réalisent leurs propres mouvements et les autres fabricants de montres qui assemblent leurs garde-temps (1) à partir de mouvements réalisés par d’autres entreprises. La réalité est bien sûre plus complexe et même les manufactures recourent à la sous-traitance pour différents composants : aiguilles, cadran, spiral et autres éléments mécaniques. Dans son fonctionnement, l’industrie des enceintes acoustique est assez proche de l’industrie horlogère. On y trouve tout à la fois des manufactures qui réalisent leur propres haut-parleurs et les « emboîteurs » qui mettent dans des ébénisteries – éventuellement sous-traitées à une menuiserie industrielle –  des haut-parleurs d’entreprises spécialisées.

Non que ces pratiques nuisent à la réputation de ces entreprises puisque certaines marques « prestigieuses » sont justement des emboîteurs comme Wilson ou Harbeth . Comme pour l’horlogerie d’ailleurs, sans être totalement secrète, on ne peut pas dire que la provenance des composants de ces enceintes fasse l’objet d’une transparence totale. La fabrication de haut-parleurs est une activité sensiblement plus compliquée que celle des enceintes et à l’origine de ces haut-parleurs on trouve surtout de purs fabricant de HP comme Peerless ou de grands groupes industriels qui on étendu à la fabrication de produits complets leur compétence initiale de concepteur de transducteurs comme Focal, Harman, Kef ou Dynaudio.

Mais quelques entreprises sont restées proches de l’esprit des manufactures en fabricant  à la fois les haut-parleurs et les ébénisteries. Et comme pour l’horlogerie, où une manufacture ne produit pas forcément des montres qui sont plus précises, les performances acoustiques ne sont pas forcément meilleures

L’entreprise qui a en France historiquement portée cette image de manufacture au plus haut est la firme Cabasse. Chez Cabasse, tout était fait en interne que ce soit les ébénisteries, les haut-parleurs et pour les enceintes actives, les amplificateurs.

Nous avons déjà examiné la production Cabasse au travers d’un modèle assez quelconque, la Sampan. Il est temps maintenant d’examiner un des modèles les plus emblématiques et les plus populaires de l’histoire Cabasse : la Clipper. Cette enceinte fut tellement importante que le chanteur Hugues Aufray lui consacra une célèbre chanson :

C’est une fameuse trois voies fine comme un oiseau
(Applaud)issez haut c’est du bon boulot
Vingt  kilos, Quatre-vingt de haut
Je suis fier d’en être proprio

Tient bon les basses et ça sans évent
(Applaud)issez haut c’est du bon boulot
Chez Cabasse on n’est pas feignant
Tout ça pour écouter Adamo

Je préfère mes Cabasse à mes Magico
(Applaud)issez haut c’est du bon boulot
D´y penser j´en ai le cœur gros
En doublant les câbles de mes Jamo

Tient bon les basses et ça sans évent
(Applaud)issez haut c’est du bon boulot
Chez Cabasse on n’est pas feignant
Tout ça pour écouter Obispo

L’examen de la Clipper est sans surprise. La conception est sans grande originalité , une bonne grosse boîte close – cette charge étant populaire dans les années 70-80 – d’un volume moyen assez proche d’une  L100 par exemple.  Par contre, et c’est tout à l’honneur de Cabasse, la réalisation est de premier ordre. Le facteur de forme dégage une élégance certaine, renforcée par une ébénisterie en noyer de grande qualité. L’étagement de la face avant participe à cet élégance, autant qu’à une possible correction de phase des différentes voies. L’attention au détail est omniprésente comme par exemple les borniers qui assurent un contact parfait pour des câbles nus (mais sont totalement inutilisables autrement).
Pour un usage domestique, une paire de Clipper dans son salon ne déparera pas dans la plupart des intérieurs qu’il soit classique ou contemporain, affichant le propriétaire comme une personne audiophile de goût sans pour autant être excessivement présente.

La paire que nous remontons de la cave est en très bon état général, même si les caches ont un peu pris le soleil et que les logos sont absents.

La paire DOM12 et DOM4 qu’on retrouve sur toutes les Cabasse passives  haut de gamme de la Sampan 311 à la Brigantin

A l’écoute, on retrouve les caractéristique Cabasse à un niveau de qualité sensiblement supérieur au son des Sampans.  Mais on reste sur un grave qui est un peu court et par contraste le médium parait projeté. Il en résulte une écoute qui privilégie l’intelligibilité des voix et des solistes mais présente l’inconvénient d’une écoute quelque peu fatigante. Quand on les compare à nos 802 du petit salon, on constate un rendement sensiblement plus élevé qui s’il n’est pas corrigé les mets en valeur, à l’époque un vrai avantage commercial dans les écoutes chez les revendeurs. Après compensation, c’est évidemment beaucoup plus difficile pour les Clippers (2). Reste qu’en comparaison immédiate, si on entend bien que les B&W sont plus fidèles, on en vient à regretter (un peu) la vivacité apportée par le médium des Cabasse.

(1) La haute-fidélité n’est pas le seul domaine où on peut faire preuve d’une pédanterie disproportionnée, les gens normaux disent une montre

(2) La comparaison est bien sûr difficile, les deux enceintes n’étant pas vraiment de la même époque ni de la même gamme de prix.

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Une réflexion sur “Une enceinte de course (au large) : Cabasse Clipper 312 M2

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