Pioneer TX-9500 II

Avant que la Chine ne nous abreuve de modules intégrés à bas prix, le tuner était, pour le fabricant de hifi, une sorte d’étalon de ses capacités d’électronicien. En effet réaliser un tuner nécessite à la fois des compétences en hautes fréquences  (HF) pour la partie réception et en basses fréquences (BF) pour la partie audio proprement dite. On lui demande en plus de concilier des exigences contradictoires pour la gestion de la sensibilité, du taux de réjection…afin de s’assurer que la capacité de réception ne soit pas au détriment de la qualité audio et réciproquement.

En 1977, le TX-9500ll a la lourde tâche de représenter à l’international le haut de gamme de Pioneer et donc sa maîtrise dans la réalisation des récepteurs FM. Sur le marché domestique, la série Exclusive a le modèle F3 mais il n’existe que pour la bande FM japonaise (76 à 90 kHz) et n’est donc pas exportable. Reprenant la même architecture à diodes varicap que le F3, le très sophistiqué mais dépouillé F-26 aura droit à une version export pour compléter la série 20 mais semble-t-il pas avant 1978.

TX9500IILa construction est au niveau très élevé des hauts de gamme japonais des années 1970. La qualité de la mécanique (châssis, boutons)  et de la finition est patente. La réalisation électronique est à l’avenant : condensateur variable à (seulement) cinq cages, blindage… Mais là où les ingénieurs de Pioneer vont nous montre leur haut niveau, c’est dans l’utilisation novatrice d’un filtre SAW (surface acoustic wave – filtre à onde de surface) dans le filtrage des fréquences intermédiaires, du moins sur la position »wide » du réglage de sélectivité. La technologie SAW, auréolée de son origine militaire pour les radars, en est à ses débuts dans les appareils grands publics. Elle permet d’avoir des filtres passe-bande performants en temps de propagation de groupe et ne nécessitant pas d’ajustement complexe (1). Après 1985, cette facilité de mise en œuvre et la compacité du composant rendront cette technologie très peu chère et donc très répandue dans les téléviseurs, les télécommandes radio et bien sur les téléphones mobiles.

Comme toujours sur les appareils japonais de l’époque, la montée en gamme s’accompagne du syndrome du bouton en plus et le TX-9500 II présente une façade assez encombrée pour un simple tuner. Les fonctions et les réglages sont donc plutôt étendus qu’on en juge avec de gauche à droite : deux largeurs de bande, visualisation du taux de multipath (mais il y a aussi à l’arrière une sortie pour oscilloscope), signal de réglage d’enregistrement,  niveau de sortie réglable, réglage du muting, syntonisation et high-blend. L’arrière permet de découvrir la désaccentuation réglable et provision pour un éventuel circuit réducteur de bruit ou un décodeur quadriphonique. Ouf.

cadranTuner purement analogique, le Pioneer ne dispose bien évidemment pas de préselection mais propose à la place des petits index que l’on dispose face aux fréquences de ses émetteurs favoris. Un peu comme le Quad FM3 – mais en sensiblement moins sophistiqué car sur le Pioneer ces index sont à l’extérieur du cadran et se manipulent avec les doigts. Le prix du TX-9500 II reflète son  positionnement dans la gamme : 3930 Frs. Sur le marché français, seul le Marantz 150, doté d’un oscilloscope est plus cher à 5800 Frs.

À l’usage le TX 9500 II est un plaisir à voir, à utiliser et à écouter. Par rapport à nos tuners de référence il propose une écoute particulièrement soyeuse, sans perdre en précision. Les fréquences basses sont très contrôlées, au risque de paraître légèrement en retrait. L’ensemble à un caractère particulièrement élégant, du moins en position « wide ». En position « narrow » on perd un peu de cette suavité. Le décodeur stéréo est sensiblement moins performant que sur notre B760 sur les émetteurs moins puissants, mais le réglage dit « noise reduction » – en fait un high-blend classique rattrape bien la dégradation du bruit.

tx9500 insideAu final, le TX 9500-II est donc au sommet de la hiérarchie des tuners Pioneer « classiques » devant son prédécesseur TX-9500 première génération qui ne dispose pas encore du fameux filtre SAW et le TX-9800 dont la qualité de fabrication commence déjà à baisser. Les experts ne s’y tromperont pas et le TX-9500 II est très apprécié aussi bien par les rédacteurs de la revue L’Audiophile qui dans son n°2 de décembre 1977 le classe parmi les rares tuners que l’on peut admettre dans sa chaîne hifi que par les contributeurs du site Tuner Information Center.

saw

Le famaux filtre SAW Pioneer ATF-035

(1) Pour plus de détail sur les filtres à onde de surface, on pourra se référer par exemple à The art of linear electronic de John Lindsey Hood p201 et suivantes ou encore à Piezoelectricity de Rosen, Hiremath et Newnham  p305 et suivantes

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