S’il est un élément de chaîne hifi qui a pratiquement disparu, c’est bien l’égaliseur, du moins dans sa forme analogique.
Plusieurs facteurs ont contribué à cette disparition. D’abord, il s’agit d’un accessoire parfaitement inutile, du moins en dehors du contexte de la sonorisation et de la production audio. Par ailleurs, la prééminence à partir des années 1980 de la vision audiophile a banni toutes les fonctions annexes, y compris les contrôles de tonalités et autre loudness et donc à fortiori les super contrôles de tonalité que sont les égaliseurs. Enfin, pour qui a vraiment besoin de faire des corrections, il est devenu bien plus efficace de nos jours de faire ces corrections de manière numérique avec un DSP, ce qui permettent de choisir de manière très précise le type de correction, la fréquence d’effet, le facteur de qualité ou la pente…
Mais à l’âge d’or de la hifi, l’intégration d’un égaliseur dans sa chaîne faisait passer son possesseur à un statut immédiatement supérieur, celui de grand amateur voire de semi pro.
Au sein même de ces catégories, il y a évidemment tout une classification en fonction du nombre de bandes d’un égaliseur graphique selon qui agit par paire d’octaves, octave, 2/3 ou 1/3 d’octave, correspondant à respectivement 5, 10, 15 ou 31 bandes. Le fin du fin étant l’égaliseur paramétrique, classant directement son utilisateur dans le domaine des demi-dieux, ceux qui comprenait déjà de quoi il était question (1). Les plus anciens des lecteurs se souviennent encore de l’émoi suscité par la sortie du pré-amplificateur Yamaha C6, premier appareil grand public à mettre en avant un correcteur de tonalité paramétrique.
Notre chaîne Pioneer (voir épisode 1) comporte bien évidemment un égaliseur, en l’occurrence le modèle SG9500, un classique modèle par octave sur 10 bandes.
Le principal intérêt de cet appareil pour l’amateur est d’ordre esthétique avec cet alignement de potentiomètres argentés. On retrouve cet effet géométrique à l’intérieur où les composants sont alignés avec un ordre tout militaire. Que dire de plus de cet appareil? Pas grand-chose.
Dans la plus pure veine « semi-pro », le SG9500 est utilisable en sonorisation, c’est-à-dire entre le pré-amplificateur et l’amplificateur de puissance mais également en enregistrement. Deux clés en façade permettent de gérer ces aspects. Pour s’y retrouver, un tableau décrit l’influence de l’égaliseur en fonction de la position de ces deux clés. De manière fort pratique, ce tableau est sérigraphié… …à l’arrière de l’appareil !
(1) Pour les simples mortels, paramétrique indique que l’utilisateur règle indépendamment les différents paramètres du filtre : fréquence, niveau et largeur de bande ou pente