Le nouveau paradigme

Beaucoup d’audiophiles le déplorent, mais il faut se résoudre à une évidence : la musique enregistrée est et sera sur des supports numériques. Et quand nous parlons de support, il ne s’agit plus maintenant d’objet physique tel que des disques optiques (CD, SACD, DVD-A, Blu-Ray) ni de support magnétique (DAT ou DCC). Les seuls supports qui resteront seront de nébuleux espaces de stockage informatique.

C’est donc tout le secteur de l’audio grand public qui se réinvente avec ce nouveau paradigme. C’est vrai pour le matériel, puisqu’il faut abandonner les tourne-disques haut de gamme et autres lecteurs optiques, pour les constructeurs et fournisseurs de service qui doivent répondre à la demande des consommateurs, mais aussi et je dirais avant tout pour la presse et son nouvel avatar que sont les influenceurs pour créer et diffuser cette nouvelle culture.

Le prix d’un bon câble Ethernet commence à 2000€. À multiplier par les centaines de milliers de câbles dans un datacenter…

C’est sans surprise dans le domaine le plus en pointe de la technologie audiophile, j’ai nommé la fabrication des câbles, que l’on a vu apparaitre le plus rapidement des réponses au nouvel enjeu de la musique numérique. On trouve maintenant depuis des années des cordons USB et des câbles Ethernet adaptés au besoin de l’audiophile. Évidemment, les efforts de R&D considérables que ces entreprises ont dû mener à une influence sur les prix et il ne faut pas se scandaliser des prix de ces éléments qui sont bien peu de chose par rapport à la satisfaction obtenue. On peut même dire que leur rapport prix/avantage se rapproche de l’infini. On franchit une étape de plus vers la perfection sonore avec l’introduction des switchs Ethernet audiophiles. Ces accessoires ont été, et c’est bien mérité, salués avec enthousiasme par la presse et la communauté internet (ici et).

Mais ces efforts sont encore très largement insuffisants. Il est temps de se réveiller.

En effet, et ce n’est pas Ivor Tiefenbrun ou son fils Gilad, avocat de la primauté de la source dans la chaine haute fidélité qui nous contredirons, il faut rechercher la qualité au plus tôt dans la chaine de reproduction.
Le schéma ci-dessous reprend de manière très simplifiée l’évolution des systèmes de reproduction sonore que le dernier siècle a connu.

On s’aperçoit que, pour la musique numérique, les médias ont pris le problème à l’envers par rapport à l’excellente démarche adoptée du temps du disque vinyle. À cette époque, on pouvait se concentrer sur la qualité du tourne-disque et des câbles qui arrivaient juste après le disque vinyle. De nos jours, la source, le fichier DSD de Jazz At The Pawnshop par exemple, se situe très loin de l’audiophile.

Il ne suffit pas de comparer les mérites des câbles Ethernet et USB, des switchs, mais de remonter bien en amont dans le flux audio en se posant les vraies questions :

  • Disque dur magnétique ou SSD ? Sandisk ou Seagate ?
  • Equinix ou Telehouse ? OVH utilise-t-il des switchs et des routeurs de qualité audiophile ?
  • Les routeurs Cisco sonnent-ils mieux qu’un Huawei ?
  • Google Cloud ou Azure, qui procure la meilleure image stéréophonique ?
  • Quels sont les meilleurs mariages ? Synologie  + Western Digital ou QBap + Kingston ?
  • Les fibres optiques des réseaux sont-elles bien OFC ? (1)

Nous allons donc dans une future série d’articles tenter de répondre à ces questions fondamentales pour la satisfaction de l’audiophile. Nous militerons pour plus de transparence auprès des entreprises du secteur sur leurs pratiques réelles. Toutes ces questions doivent être abordées dans une seule perspective, celle de la meilleure reproduction audio, loin des préoccupations d’écologie, de sécurité et de résilience abordées dans les études de solution informatique. Bien sûr, une méthodologie basée uniquement sur une approche subjective sera adoptée.

On voit que le domaine est vaste. Il va sans dire que ces études vont demander une énergie considérable, sans parler du budget. Enfin, si parlons-en. Pour nous aider dans cette démarche qui est fondamentale pour l’avenir de l’audiophilie, vous pouvez adresser vos dons à Tryphonblog. Nous acceptons toutes les devises et également les dons en nature, en particulier des marques EMT, Studer , Revox, McInstosh, Audio Research… Toutes choses qui de toute façon vous sont devenues inutiles. Vous aurez en plus le bénéfice de vous débarrasser au plus tôt de vos vieux appareils analogiques aussi encombrants qu’obsolètes tels que platine EMT 927 ou magnétophone Studer A80 (nous pouvons même nous déplacer pour vous aider).

(1) Rappelons qu’OFC veut dire oxygen free copper…

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