Technics RS-671US

Les magnétophones à cassette ont en commun avec les êtres humains d’avoir accéder à la position verticale à prenant de l’âge.
Issue des dictaphones, les premiers modèles hifi étaient horizontaux, les touches de commandes mécaniques étant directement sous le bloc des têtes. Mais à partir de 1977, tous les nouveaux appareils qui apparaissent sur le marché (1) adoptent le chargement vertical de la cassette. Il faut dire que cette disposition rend beaucoup plus facile l’empilage des appareils à la mode dans les meubles styles « rack » où la position supérieure est occupée par le tourne-disque.

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Mais comme pour le jeune enfant, ce passage de la position horizontale à la position verticale ne s’est pas fait sans difficulté. On a même vu des appareils qui, sous l’apparence de magnétophone à chargement frontal, ont conservé un défilement horizontal de la bande.
C’est le cas des magnétophones à cassette de Technics (2) dont la gamme 1976 est composée entièrement d’appareils ayant cette disposition.
Les raisons de ce choix ne sont pas très claires. Frilosité devant la nouveauté ? Nécessité de reprendre une mécanique existante ?

Grâce au miroir à 45°, on voit bien la cassette, mais à l'envers.

Grâce au miroir à 45°, on voit bien la cassette, mais à l’envers.

Cette disposition se révélera être une impasse, car assez peu pratique pour la mise en place de la cassette et franchement mal pratique pour  l’accès au bloc de têtes quand il faut les régler ou plus simplement les nettoyer. En plus, tout cela prend une place considérable dans le boîtier. Cette disposition de la cassette n’existera guère plus d’une saison et dès 1977 on ne verra plus que de véritables magnétocassettes à  chargement frontal.
Le RS-671US retrouvé dans la cave des frères Loiseau est un digne représentant de cette époque. Arborant la livrée classique de Technics, bronze foncé avec des inscriptions jaunes, le RS-671US est le situé juste sous le haut de la gamme, mais ne peut mettre en avant en termes de raffinement que sa mécanique bimoteur à solénoïde. On reste très très loin du haut de gamme, le célèbre RS-9900US, qui adopte la même disposition alambiquée mais avec un moteur, un cabestan et bien sûr un boîtier en plus.

La mécanique occupe les 2/5 gauche de l'appareil.

La mécanique occupe les 2/5 gauche de l’appareil.

La platine de défilement s’étale sur pratiquement toute la profondeur du boîtier. Pour que l’utilisateur puissent voire le défilement de la cassette, Technics a installé un miroir à 45° dans le compartiment cassette. Esthétiquement l’engin est assez quelconque voir même quelque peu disgracieux. La robe bronze (3) n’est pas en cause mais avec le mélange de commandes en plastique noir et aluminium poli, des vu-mètres un peu petits et les potentiomètres de niveau mal centrés sur les-dits vu-mètres on imagine que le bureau de style de Technics n’a pas forcé sont talent.

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On commencera par un nettoyage rapide suivi du traditionnel un changement des courroies- il y en a trois dont deux pour le compteur qu’il ne faut pas négliger car c’est lui qui assure l’arrêt de la mécanique en fin de bande. Autre petit problème, l’usure du galet de transmission des avance et retour rapide. Ce galet étant un peu compliqué à trouver, un petit bricolage vient à bout de cet écueil : on augmente pour compenser la taille de l’axe du moteur d’entraînement avec quelques couches de gaine thermo.

Apparu au même moment que la gamme 1976 les cassettes ferrichrome ou ferro-chrome (Fe-Cr) n'ont pas encore de réglages dédiés en façade. A la place, un petit autocollant sur le dessus fait office de mode d'emploi.

Apparues au même moment que la gamme 1976 les cassettes ferrichrome ou ferro-chrome (Fe-Cr) n’ont pas encore de réglages dédiés en façade. À la place, un petit autocollant sur le dessus fait office de mode d’emploi.

On ne s’attardera pas beaucoup plus sur ce Technics RS-671US, qui ne présente guère d’intérêt, en dehors de cette mécanique que n’aurait pas reniée Darwin pour expliquer sa théorie de l’évolution. En effet, Moulinsart, sans même parler de la cave, regorge de magnétocassettes autrement plus intéressants. Après la séance photo et la confirmation que tout est en ordre, la Technics retournera donc rapidement à la cave, avant même la traditionnelle batterie de mesures.

(1) À l’exception des machines de reportages et de quelques appareils particulièrement plats qui utilisent un tiroir de chargement comme le Sony TC-K88B.

(2) La plupart des constructeurs japonais, Pioneer et Marantz en firent autant. Seul les véritables spécialistes du magnétophone comme Nakamichi et Akai ne proposant pas cette disposition, quitte à simplement mettre à la verticale des magnétocassettes fonctionnant horizontalement comme les Nakamichi 1000/700 et Akai GXD 570d, au prix d’un encombrement certain.

(3) Comme pour les appareils photo de l’époque, le client pouvait choisir une finition « argent » plutôt que le bronze. D’un point de vue esthétique, c’était peut-être un meilleur choix.

Chaînon manquant et impasse de l’évolution

Dans ce mouvement de verticalisation de la cassette, on pourrait croire que le chaînon manquant est la position à 45°. Cela a bien évidemment existé avec des produits aussi exquisément dessinés que les Nakamichi 600 et Yamaha TC-800GL.

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Mais Technics est aussi l’auteur avec le RS-610US de 1974 d’un produit totalement improbable. Une platine horizontale avec une façade verticale! Cette appareil combine donc les avantages de ne pas êtres rackable à cause de la trappe de la cassette, mais également de devoir comme ces derniers modèles être utilisé par la face avant où sont disposé les commandes et les vu-mètres. On soupçonne que le responsable de l’étude ergonomique de cet objet a été promptement remercié de chez Matsushita et cherche encore du travail.

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