Pioneer SX-650

Nous allons marquer une pause dans notre exploration de la chaîne Pioneer typique de 1977,  afin d’examiner une alternative offerte au consommateur des années 1970. En effet, si la séparation préamplificateur/amplificateur de puissance ne concernait qu’une frange très réduite du marché, l’idée de réunir en un seul boîtier l’amplificateur et le tuner était assez répandue. Il ne faut pas croire que ce choix relève de seules considérations économiques. L’aspect esthétique voire statutaire entrait également en jeu. En effet, les ampli-tuners, en particulier les plus hauts de gamme sont des machines très impressionnantes. D’ailleurs, entraînés par un concurrence effrénée, les constructeurs japonnais se lancèrent dans la fameuse « monster receiver war » pour savoir qui ferait l’ampli-tuner le plus gros et le plus puissant, et ces appareils combinant les trois fonctions pré-ampli, amplificateur et tuner représentaient souvent la véritable vitrine des marques.

Pioneer n’était pas le dernier dans cette bataille et le SX-1980 et peut-être plus encore son prédécesseur moins puissant le SX-1250, sont de véritables chefs-d’œuvre(1). L’ampli-tuner  que nous avons trouvé dans la cave des frères Loiseau est certes beaucoup plus modeste puisqu’il s’agit d’un SX-650.

Extrait du catalogue Pioneer 1977. Notre SX-650 est bien loin du haut de gamme.

Page 2 du catalogue Pioneer 1977. Notre SX-650 est bien loin du haut de gamme.

Donné pour 35w par canal, la Pioneer SX-650 permet de mesurer l’évolution rapide des puissances dans les années 70. En effet, notre Sony STR-7055 de même puissance, en fin de production au moment où Pioneer présente le SX-650, est presque le haut de gamme alors que le SX-650 se situe plutôt vers le bas de la pléthorique gamme d’ampli-tuner Pioneer.  Celle-ci s’étend du modeste SX-450 de deux fois 15w à l’énorme et très recherché SX-1250 de 160w par canal en couvrant toutes les références de 100 en 100 (sauf qu’il n’existe pas de SX-1150).

Malgré son positionnement en bas de la gamme, le SX-650 est de fort belle facture. Et 40 ans après sa sortie il est toujours en grande forme.

Un état

Un état « sortie de cave » très correct…

Nous ne nous étendrons pas sur la partie électronique qui ne présente pas de problème particulier. Même le soucis classique des amplis-tuners un peu anciens, l’éclairage, est assez simple pour le Pioneer. En effet, les ampoules soudées peuvent facilement être remplacées par des modèles contemporains. On arrive même à mettre dans les supports caoutchoutés un douille vissante ce qui est sensiblement plus pratique.

Non, le véritable problème du Pioneer est le décollement de son revêtement.  En effet,  le vrai bois est en recul à la fin des années 70 et on retrouve sur nombre d’appareils d’apparence bois, un revêtement en vinyle qui supporte mal le poids des ans. D’ailleurs, notre platine PL-550 (attention sploiler sur la prochaine sortie de cave!)  plutôt haut de gamme, souffre du même syndrome.

...sauf pour le revêtement vinyle

…sauf pour le revêtement vinyle « pelliculable ».

Bref la mince pellicule qui recouvrait notre Pioneer part en lambeau. Prenant le taureau par les cornes, nous avons décidé de tout reprendre et tant qu’à faire, de réaliser un placage en véritable bois. Ce travail est un peu long mais pas très compliqué. Le seul moment délicat est celui ou on se décide à démonter le coffret en espérant ne rien casser. L’affaiblissement de la colle à bois à grand coup d’alcool à brûler suivi d’aussi grands coups de maillet sur les renforts suffiront cette fois.

Le boitier tient en cinq éléments.

Le boîtier tient en cinq éléments.

Le placage en lui même ne présente pas de difficultés particulières. Pour encore plus de simplicité, nous avons utilisé des feuilles thermocollantes, qui ne posent pas de problème de bulle sur des surfaces  aussi réduites que celles d’un coffret d’ampli-tuner. Après trois couches de vernis, le remontage est un jeu d’enfant.

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Si on compare toujours le SX-650 au STR-7055, la descente en gamme se traduit par des fonctionnalités réduites. Disparus la troisième paire de haut-parleurs, les contrôles de tonalité séparés droits et gauches, la séparation des section pré-ampli et ampli, le filtre passe-haut et la gestion des canaux stéréo, droite, gauche et mono pour un simple stéréo/mono. Les fonctionnalités du SX-650 sont sans surprise pour ne pas dire basique sans pour autant avoir de manque criant. La seule originalité réside dans le bornier de connexion disposé à l’horizontal ce qui s’avère d’ailleurs plutôt pratique.

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Reste que la présentation est assez classieuse et Pioneer n’a pas lésiné sur le métal pour la réalisation de la façades et des boutons. En dehors du coffret, aucune trace encore d’une quelconque volonté de réaliser des économies dans la construction.

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Les exigences des enceintes disponibles dans les grand et petit salons n’étant pas particulièrement adaptées à un engin aussi modeste que le SX-650, c’est dans le fumoir que l’essai fut réalisé. Le Pioneer fut donc associé avec une paire de Royd Sintra, petite mini monitor anglaise du début des années 90.

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Sans réaliser de prouesses, notre petit ampli-tuner donne une prestation tout à fait honnête. Par rapport au système de référence du fumoir, il manque certes un peu de slam mais notre ami Archibald y trouve un accompagnement agréable lors de ses dégustations de pipe et de rhum.

(1) D’ailleurs l’examen des catalogues des marques est révélateur. L’usage est de commencer par les produits d’images même si les ventes de ces derniers sont modeste. Et le catalogue Pioneer de 1977 commence par le fameux SX-1250.